SHERRINGTON Sir Charles Scott
(1857-1952 )

Sir Charles Scott Sherrington Fils d'un médecin de campagne anglais, Charles Sherrington fit d'abord ses études a Londres. Il entra Royal College of Surgeons en 1878 et vînt a Cambridge pour y travailler la physiologie. Apres avoir complété ses études médicales et se consacra a la physiologie nerveuse. Il est nommé professeur de physiologie a Liverpool, en 1895, puis obtient, en 1913, la chaire de physiologie a Oxford qu'il occupera jusqu'a sa retraite en 1935. Sherrington fut également historien de la médecine, poete, collectionneur de livres anciens et sportif accompli (il pratiqua le rugby et fut un pionnier des sports d'hiver).

Les recherches de Sherrington sont a l'origine de la neurophysiologie contemporaine. Il a consacré l'essentiel de ses travaux a l'analyse des propriétés fonctionnelles du systeme nerveux et peut etre considéré comme " l'inventeur " de la synapse (c'est lui qui introduisit le terme en 1897). Il développa, en particulier, la théorie de l'unidirectionalité de la transmission synaptique de l'influx nerveux. Il contribua également a l'étude de l'innervation réciproque et des différents types de réflexes, a celle de l'activité du cortex cérébral ou encore a celle du fonctionnement de l'oreille interne. Il élabora une classification, toujours actuelle, des différentes catégories de récepteurs sensoriels (intérocepteurs, extérocepteurs, propriocepteurs).

Son travail sur l'intégration nerveuse et les fonctions cérébrales le conduisit a proposer une théorie du comportement qui préfigure les modeles phénoménologiques contemporains de la cognition. Pour Sherrington, en effet, les réflexes doivent etre considérés comme des activités intégrées impliquant tout l'organisme et non comme de simples " arcs réflexes " isolés (il s'intéressa, en particulier, aux réflexes de posture). Sherrington était habité par la question de la place de l'homme dans la nature en tant qu'etre vivant pourvu de conscience. Dans sa réflexion il revient périodiquement sur la question des rapports entre cerveau et pensée. N'y a-t-il rien de commun entre ces deux concepts, esprit pur et monde perceptif ? Ils ont ceci en commun ils sont tous deux des concepts ; tous deux sont des parties de la connaissance du seul esprit. Ils sont distincts mais non scindés. La nature, en nous faisant évoluer, en a fait deux aspects de la connaissance d'un esprit unique, le nôtre. C'est nous qui sommes le lien qui les unit. Peut-etre est-ce pour cela que nous existons " (citation in J.C. Eccles, Le mystere humain, voir Eccles). Beaucoup de nos connaissances actuelles sur le systeme nerveux central (principalement celles relatives a la transmission synaptique) sont dues aux recherches de Sherrington qui, en 1932, partagea le prix Nobel de médecine avec E.D. Adrian.

Les travaux et la réflexion de Sherrington intéressent le psychologue a un double titre. Tout d'abord il est a l'origine du formidable développement des connaissances relatives au fonctionnement intime du systeme nerveux, connaissances qui ont rendus possible le mise au point de médicaments psychotropes de plus en plus spécifiques et efficaces dont le psychologue ne doit pas ignorer completement les mécanismes d'action. Par ailleurs, l'ouvre de Sherrington est tout habitée par la question de l'esprit et de la conscience qu'il ne prétendait pas réduire au seul jeu des processus neuronaux et qui donc reconnaît a la psychologie un champ qui lui est propre.


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Murray