Il est établi que de nombreuses maladies humaines, comme le cancer, le sida, les rétrovirus, le rhumatisme et de nombreuses
maladies héréditaires, sont attribuables a des anomalies dans les molécules d’acide ribonucléique (ARN) ou dans
leur mécanisme biologique. Les 24 et 25 septembre, 150 spécialistes mondiaux, réunis a Orford sur l’invitation de
l’Université de Sherbrooke, chercheront a comprendre la relation entre la structure et la fonction des molécules d’ARN.
Phillip Sharp, Prix Nobel de médecine en 1993, participera aux travaux, ainsi qu’Iain Mattaj, éditeur en chef du journal EMBO (European Molecular Biology Organisation). Jean-Pierre Perreault et ses collegues du centre d’excellence sur la biologie de l’ARN de l’UdeS organisent la rencontre : "Les molécules d’ARN nous réservent encore des surprises et il reste a leur découvrir une multitude de fonctions. L’ARN, c’est la science de l’avenir, surtout qu’il devient de plus en plus clair que nos recherches déboucheront sur des thérapies géniques et sur des plates-formes permettant l’exploitation technologique des découvertes", affirme Jean-Pierre Perreault.
Selon Sherif Abou Elela, lui aussi membre de l’équipe sherbrookoise, la recherche sur l’ARN en est a ses débuts, et il existe un pressant besoin de communiquer entre les équipes universitaires : "Professeurs, chercheurs, étudiants aux cycles supérieurs, et maintenant les équipes du secteur privé, sont tous fascinés par ce que promettent déja certaines découvertes sur l’ARN. L’échange d’information est essentiel a ce stade de nos travaux."
L’ARN, que l’on soupçonne d’etre a la base de la vie sur Terre et qui intervient dans toutes les fonctions de la cellule, est l’émissaire, le messager du centre de commande de chaque cellule. Il a en effet pour fonction de transmettre les ordres du noyau vers le cytoplasme, la ou se situent toutes les composantes cellulaires nécessaires pour la synthese des protéines. Bien installé dans la cellule, l’ARN n’est cependant pas a l’abri d’attaques externes ou meme de déreglements. Des recherches antérieures ont prouvé que les virus ont appris a bloquer le transport et la fonction des ARN. Il s’ensuit alors un désordre total des fonctions de la cellule qui mene au développement de maladies. Dans le cas de maladies héréditaires, l’ARN peut avoir eu des ratés ou avoir subi des influences externes qui lui font envoyer de mauvais signaux.
L’Université de Sherbrooke héberge l’un des trois seuls centres mondiaux de recherche sur l’acide ribonucléique. Sa jeune équipe est répartie dans six laboratoires de recherche sur la biologie de l’ARN a la Faculté de médecine. Les membres de cette équipe, dont la moyenne d’âge ne dépasse pas 45 ans, organisent régulierement des séminaires qui réunissent des chercheuses et des chercheurs du Québec ainsi que de l’Est du Canada et des États-Unis. "Nous nous sommes baptisés le Ribo-Club et nos rencontres regroupent les meilleurs chercheurs qui travaillent sur l’ARN. Cela nous permet de faire avancer la recherche en partageant nos connaissances. La rencontre des 24 et 25 septembre est la deuxieme que nous organisons au niveau international, et elle constituera un sommet, tant par le nombre des participants que par leur qualité", explique Jean-Pierre Perreault.
<<< L’équipe de Ribo-Club, photographiée a l’occasion du premier rendez-vous scientifique autour de l’ARN.
Photo : Archives Liaison